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La
Sphinx : gardienne de l'énigme et propagatrice de la peste, son nom fait
trembler… Le Destin : sentez-vous son poids redoutable, à seulement l'évoquer
? Mais que vient faire Tom Bloche dans ce monde inhu-main ? Inhumain… ou
terriblement humain ? Notre détec-tive annecien se trouve projeté dans un monde
où œuvrent les forces du mal. Un monde issu tout droit des images terri-fiantes
de la mythologie. Serait-il possible que ce monde-là soit aussi le nôtre
? L'auteur ne mâche pas ses mots - ni son humour - la mé-taphore est claire :
s'appeler Alain Ceste et affronter la Sphinx est une véritable gageure : pari
tenu. Organisation née d'une créativité démoniaque, la Sphinx utilise le
handi-cap de ses membres pour asseoir sa puissance : celle de l'argent par le
commerce du sexe. Elle ne recule devant rien, sa violence et sa perversion sont
sans limites. Alors quelle chance aura Alain Ceste, jeune garçon ballotté par le
sort comme il a été ballotté par les eaux, innocent, quand il se retrouvera, en
pleine quête identitaire, dans les mailles du filet ? Comment ne pas répondre
à la violence par la violence, face à un tel déchaînement de perversion ? Face à
son incroyable histoire qu'il découvre et un destin qui l'accable ? Ainsi,
donc, va la métaphore : comment construire son identité, trouver sa voie, sa
place dans un monde perverti par la puissance de l'argent ? Comment l'individu
peut-il évoluer alors qu'il est condamné d'avance parce qu'aveugle et trompé,
utilisé ou rejeté par le système ? Ironie du sort ? Les plus aveugles ne sont
peut-être pas ceux que l'on croit… Tom Bloche, dans cette seconde aventure,
reste égal à lui-même : la valeur de l'individu ne se mesure pas en monnaie. Le
profit n'est pas son moteur. Il combat ce système pervers avec sa nature à lui,
l'autre nature, celle qu'il ressent, qui l'habite et qu'il habite, mais aussi
celle qu'il regarde, qu'il ne se lasse pas de regarder, qu'il aime. Aussi les
autres, il les aime. Il est comme ça, Tom Bloche, sans avoir l'air de rien, avec
Rustine qui le conduit dans ces paysages savoyards si bien en phase avec les
mots qui les décrivent (à moins que ce ne soit l'inverse, allez savoir) ;
Rustine, sa propre force, son énergie. S'écouter sentir, s'arrêter au bord
de la route pour sur-prendre un détail, une broutille ; écouter l'autre, avec
son cœur, son sentiment… C'est la force de Tom Bloche, qui va aider son ami
Alain. Oui, aider, vraiment aider. Parce qu'il ne fera rien à sa place, il
laissera à Alain ce qu'il y a de plus précieux - mais aussi de plus difficile -
: le choix. Ce livre est un livre d'images, dans le sens fort de ce terme.
L'auteur nous emmène, il faut se laisser prendre, sur-prendre par les
mots-images. Nous sommes Tom Bloche ; nous voyons et ressentons ce qu'il voit et
ressent ; nous sommes avec lui dans les rues d'Annecy ; nous sentons la douceur
du feutre lorsqu'il passe son doigt sur son chapeau. Nous sommes Rustine sur les
routes du lac, dans la lumière changeante, et avec elle nous éprouvons la beauté
des paysages. Pas seulement : sous les mots joueurs de l'auteur, derrière
eux, se dressent d'autres images. Celles qui parlent à chacun depuis que l'homme
raconte des histoires, ses histoires. La Sphinx, Œdipe-roi… Mais ici l'auteur
force le trait, se joue de ces destins mythiques : il les détricote et les
tricote à sa manière, dans un jeu où la sensibilité, le sentiment et le trait
d'humour s'unissent, pour que l'amour - enfin ! - triomphe de
l'horreur.
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